Emma Sand Group : l’EP « Door To Door », un son indie folk rock qui claque

Emma Sand Group c’est une bande de musiciens composés de Emma Sand au chant et à la guitare, Franck Joannès à la guitare, Fabrice Fenaux à la batterie, Cyrille Latour à la basse, et Alexandre Irissou aux claviers.

Quel est le nom de votre groupe Emma Sand ou Emma Sand Group ?

Emma : c’est Emma Sand Group car on compose ensemble avec différentes façons d’apporter les titres. Soit on compose tous ensemble soit j’arrive avec une guitare voix, et on creuse. Chacun apporte quelque chose qui va nourrir le morceau.

Franck : c’est pareil pour les décisions que nous prenons tous ensemble, on s’engueule ensemble (rires de Emma) et ensuite on tranche. Mais tout se passe bien car on a des objectifs en commun.

Comment s’est formé le groupe et comment s’est fait le choix des musiciens ?

Emma : Franck et moi on se connait depuis 7 ans. On a commencé à expérimenter des choses ensemble. On a étoffé le répertoire au fur et à mesure. On a eu successivement une batteuse puis un batteur. On a eu également un violoniste, un guitariste électrique. A un moment donné on avait besoin d’une impulsion supplémentaire d’où l’arrivée de Fabrice, le batteur, en particulier sur la section rythmique car on n’était pas complètement satisfait. Fabrice est avec nous depuis 1 an et demi et il est arrivé avec sa touche qui a donné un nouvel élan au projet. Il a joué avec le groupe Jack the Ripper, dans les années 90, et il a amène une touche plus rock.

Fabrice : il a fallu que je m’approprie les morceaux et certains ont évolué vers autre chose.

Franck : on passait en studio pour l’EP « Door To Door » et il fallait une section qui tienne la route. On a fait 7 titres en 3 jours pour en garder 6 au final sur l’EP.

Quel style de musique écoutiez-vous plus jeune ?

Franck : déjà à 12 ans, j’écoutais du jazz du classique et du rock, c’est la base. Et je n’ai pas changé.

Emma : moi je suis une fille de baby-boomers qui écoutait tout ce qui sortait. Ça passait par Niel Young, les Doors.

Quelles sont vos influences musicales ?

Emma : c’est très ouvert. On a beaucoup d’influences qui nous font vibrer.

Franck : on est fortement inspiré par le cinéma également. On a le scénario qui est là, avec telle scène de tel film, et on cherche le décor qu’on va mettre derrière avec les textes qui sont amenés par Emma.

Emma : en effet, j’essaie de sublimer l’intention par le texte.

Comment se passent les compositions ?

Emma : ça dépend. Je peux être en guitare voix, et dans ces cas-là la ligne mélodique est déjà tracée. Quand il y a une composition instrumentale, par exemple sur le morceau « Door To Door », Franck est arrivé avec une idée extrêmement construite de ce qu’il voulait avec une thématique bien précise. On est parti du film « Only lovers left alive » de Jim Jarmusch. J’ai repris cette thématique dans les textes et je sers cette intention-là. Dans ce cas-là, la ligne mélodique du chant est plus difficile car il faut se poser sur la musique. Et en même temps c’est un travail super intéressant. Au final on essaie toujours de servir au mieux l’intention des uns et des autres.

Franck : certains morceaux passent par plusieurs étapes. Par exemple sur le titre « The First Day (Waiting) » on a fait 3 morceaux différents à partir de cette base. On l’a trituré dans tous les sens, pour finalement revenir à l’essence du morceau. On est toujours dans l’expérimentation et on ne se met aucune barrière.

L’EP « Door To Door » est sorti le 30 mai, comment avez-vous évolué par rapport à l’EP précédent ?

Franck : ce n’est pas du tout la même façon de fonctionner. Le précédent EP était un album fait maison, complètement calibré, devant un PC, avec des intervenants extérieurs. C’était plutôt un travail à deux avec des gens qui sont venus apporter leur aide. Alors que celui-ci est réellement un travail de groupe.

Emma : c’est un travail de groupe enregistré en live et qu’on a préparé en amont en réfléchissant aux arrangements. Yann Péchin nous a aidés sur certains arrangements et nous a donné certaines orientations, que l’on a suivies d’ailleurs.

Fabrice : on avait la possibilité de faire ce qu’on voulait même si il y avait des bases. C’était intense avec de grosses journées. Je venais d’arriver, c’était donc la découverte de bosser ensemble.

Comment décririez-vous le style de cet EP ?

Emma : on dit indie folk rock. Folk parce qu’il y a un peu de guitare folk c’est vrai. Indie c’est pour le côté qui peut être un peu noisy, un peu en dehors des lignes. C’est compliqué à définir car on va explorer beaucoup de choses.

Franck : et tous les morceaux passent très bien en acoustique. Et c’est indé car c’est complètement libre dans la démarche, sans aucun critère commercial.

Vous avez fait appel au financement participatif pour le 1er EP, avez-vous renouvelé l’expérience pour celui-ci ?

Emma : ça reste essentiellement de l’autoproduction même si on a fait une collecte auprès de ceux qui nous suivent, mais moins importante que la précédente.

Les morceaux sur scène seront-ils arrangés par rapport à la version de l’EP ?

Emma : il y a plusieurs approches. Par exemple le titre « The Lady of the Valley » du 1er EP  est très acoustique sur l’EP, alors qu’on le fait en mode très rock sur scène. Il y a des séquences un peu plus ouvertes ou on peut se permettre un peu plus d’improvisation.

Franck : il faut reconnaître un minimum les morceaux. Mais il peut y avoir des exceptions. Le morceau « Illness » du 1er EP par exemple est complètement méconnaissable, il n’a plus rien à voir avec ce qu’on a fait il y a 6 ans. L’album est une photographie du travail qu’on a fait pour une session précise, mais les morceaux peuvent changer au fur et à mesure du temps. Sur scène il peut aussi se passer des choses, comme des solos plus longs, des introductions. Il faut que ça vive sinon on s’ennuie très vite.

Vous faites un travail très poussé sur les clips avec des inspirations cinématographiques, comment travaillez-vous pour concevoir un clip, car j’imagine qu’à plusieurs ce n’est pas facile de se mettre d’accord ?

Emma : ça a été un peu plus dictatorial (rires). Cyrille Latour, notre bassiste, est également notre réalisateur. Le clip « Son of man » est un amoncellement d’images d’archives autour de la thématique de l’enfance. Il y a eu un très gros travail de recherche et de montage. Sur le clip « The First Day (Waiting) », on a beaucoup échangé avec Cyrille, on aime beaucoup les films comme Blue Velvet, ou la séquence de Romy Schneider dans le film de Clouzot qui n’a jamais été terminée. Le morceau est très intimiste, on est dans un cocon. L’idée était de rester sur mon visage et de faire des projections. On a fait toute une recherche d’effet pour rester dans cet univers d’ombre et lumière.

Fabrice : on discute toujours en amont sur l’ambiance qu’on veut donner au clip, en fonction de la chanson.

Comment choisissez-vous la chanson qui fera l’objet d’un clip ?

Emma : quand on a enregistré l’EP, on a pensé que la chanson « Son of man » pouvait résonner chez beaucoup de monde, c’est pour ça qu’on a choisi d’en faire un clip. C’est difficile car effectivement on associe très vite une chanson à une image. Et justement dans cette chanson, les images d’archives ne sont pas trop engageantes pour le groupe. Pour « Waiting » on avait une idée commune qui a germé. On a également fait 2 sessions live, sur les titres « Door To Door » et « The Green Ray », où il n’y pas de clip mais on a fait une session très propre live qui fait office de visuel sur laquelle on nous voit tous.

Franck : on a aussi choisi « Waiting » car on a tous un coup de cœur pour ce morceau, il sort du lot.

Fabrice : c’est difficile de faire des clips car il faudrait plus de monde et plus de budget. Avant on était accompagné et il y avait du monde qui gérait tout ça, maintenant les groupes font tout tout seul.

Emma : on lance un appel (rires)

Qui a choisi la pochette de l’EP, qui est magnifique ?

Emma : ça a mis du temps mais il y a eu un consensus. C’est une photo de Manon Nouailhac. On cherchait un visuel et ça faisait sens qu’elle participe aussi au projet d’une certaine façon. C’est intéressant car il y a plusieurs couches. On perçoit ce que certain ont identifié comme un dreamcatcher, avec un arbre derrière et sous la brume. Ça représente bien notre musique.

Fabrice : la pochette est très imagée et elle laisse une grande ouverture. Notre musique c’est ça.

Pourriez-vous nous donner le nom d’un groupe peu connu que vous nous proposez de suivre ?

Franck : The Psychotic Monks

Emma : ils commencent à être connus, mais ce sont des jeunes français ultra habités par leur musique, avec une digestion extrêmement intelligente, malgré leur jeune âge, d’énormément d’influences. C’est très impressionnant.

Si vous deviez-choisir un groupe pour partir en tournée avec vous, vous choisiriez qui ?

Emma : super bonne question, alors on prend qui ? Moi je choisis Nick Cave (rires)

Franck : moi j’appellerais Neil Young

Fabrice : moi je choisis Radiohead

Quelle est votre actualité dans les semaines et les mois à venir ?

Emma : on a quelques scènes sur Paris. On sera au Black Star le 14 juin, le 3 juillet à la Dame de Canton, et le 11 juillet à la Fabrique Balades sonores. En parallèle on prépare la tournée, et on va repasser ensuite en mode composition.

Que peut-on vous souhaitez pour finir ?

Franck : un tourneur (Emma éclate de rire)

Fabrice : un tourneur comme Auguri Productions (anciennement L’Olympic Tour) ce serait génial.

Emma : on lance de nouveau un appel

Une question de dernière minute qui me vient, avec qui aimeriez-vous partager la scène ?

Emma : moi je dirais Anna Calvi, Rodolphe Burger, Hubert-Felix Thiéfaine que Franck aime bien. Et j’aime beaucoup Laura Cahen, qui a fait la 1ère partie de Dominique A. Dominique A d’ailleurs ça pourrait être sympa aussi.

Fabrice : moi je suis sûr qu’on ferait un super truc avec Arthur H