Aurélie Thuot : « ADONE PRODUCTIONS, un ensemble de relations professionnelles mais avant tout humaines »

Tournées, production, management, organisation de spectacles… l’entreprise Adone est sur tous les fronts. Depuis treize ans, un but : défendre la culture indépendante. Nous avons rencontré sa créatrice et directrice Aurélie Thuot.

Tout d’abord, Adone, c’est quoi?

Adone, c’est une petite entreprise qui fête cette année ces treize ans. On y fait de la production de spectacle, du management d’artistes, de la diffusion… du coup on passe forcément par de la prospection, de la vente de dates, que ce soit pour les concerts ou pour le spectacle vivant.

Il existe également un aspect administratif, avec un suivi logistique sur les dates. On prépare les tournées, les lieux où le groupe dort, mange… c’est nous qui accompagnons nos artistes dans la production et la promotion de leurs contenus.

Qu’est-ce qui vous a impulsé à créer Adone ? 

Des rencontres. Notamment celle avec les Fatal Picards.

Dites-nous en plus…

En fait, ça a débuté lorsque j’ai croisé le chemin du groupe Oldelaf et Monsieur D. Je me suis liée d’amitié et j’ai décidé de travailler pour eux, en tant que manageuse.

À l’époque, les groupes de cette trempe se produisaient à l’Ailleurs, un café de concert situé à Bastille, qui a depuis malheureusement fermé.

Ils se sont tous dirigés vers cette fameuse péniche El Alamein, dans le XIIIe arrondissement. C’est là-bas que j’ai rencontré les Fatal Picards, qui avait l’habitude d’y jouer. Même si le batteur s’occupait de booker leurs propres dates, ils cherchaient tout de même quelqu’un pour les aider, sortir la tête de l’eau. Plutôt que de passer par un prestataire extérieur, on a décidé de tout regrouper sur une même structure : Adone !

Pour gérer Adone, au début, tu étais toute seule…

Effectivement, mais c’était par choix. En treize ans, le développement d’Adone c’est toujours fait de manière pragmatique. Il faut savoir qu’on reste sur une économie globalement indépendante.

Ça n’a pas empêché Adone de s’étendre de manière plutôt exponentielle… 

Au bout de sept ans, outres les stagiaires, j’ai finalement engagé une première salarié. C’était fou de se dire qu’on pouvait désormais créer de l’emploi ! Aujourd’hui, Adone est une entreprise bien huilée de quatre salariés.

Parlez-nous de votre équipe ! 

Chez Adone, chacun est spécialisé dans un domaine propre. Sylvie, par exemple, se situe davantage dans spectacle vivant. Marylin, mon attachée de presse, travaille majoritairement sur la promotion des tournées. Pour cela, elle prépare les communiqués de presse, contacte les médias qui veulent être partenaires, gère les médias locaux et planifie nos interviews. C’est d’ailleurs grâce à elle que nous discutons aujourd’hui !

Tu assures donc la direction ?

Pour ma part, je joue le jeu de la RH, en m’occupant du budget de production pour chaque artiste, de la trésorerie et du financement des salariés. Mon expérience me permet également de transmettre des compétences sur le régime de l’intermittence, ainsi que sur les démarches administratives qu’il peut engendrer. Je m’occupe aussi du juridique, puisque je suis en charge de contacter des avocats, en cas de besoin évidemment.

Pour le côté artistique, c’est tous ensemble que nous décidons de notre line-up, en pesant le pour et le contre. En gardant dans un coin de notre tête, il faut le dire, la dimension financière.

Adone possède-t-il un ligne éditoriale propre ?

Globalement, je dirai qu’on vogue sur le registre de l’humour. Même si notre catalogue s’est élargi depuis la création, force est de constater que c’est notre tendance. Dans tous les cas, on travaille avec des gens qu’on apprécie, jamais par contrainte.

La philosophie d’Adone, c’est de donner une liberté créative totale. Certes, on reste dans l’obligation de donner notre avis sur ce qu’on nous propose, mais la concertation est toujours de bonne augure, on ne tranche jamais aveuglément. Parfois, on peut se rendre compte qu’on a fait une erreur mais quand bien même, on aura essayé. Adone, dans tous ses retranchements, c’est un ensemble de relations professionnelles mais avant tout humaines.

Comment se déroule le processus de production ?

Chaque projet dispose de son propre compte. Quelque soit l’artiste, elle lui est proportionnelle. Je fais toujours en sorte que la production soit jugée en fonction de la notoriété du groupe. Par exemple, au moment où on décide de produire un album, j’étudie sérieusement les données financières. À partir de celles-ci, on établi tous ensemble un seuil monétaire, qui nous indique comment rentabiliser notre future investissement.

Après, le succès dira, ou non, si nos calculs se sont avérés prolifiques !

Après l’étape de création, on en sort souvent déficitaire, c’est un pari constant. C’est pourquoi les tournées nous permettent d’amortir l’investissement.

Vous ne comptez que sur votre patrimoine personnel ? 

Non, pas totalement. On a aussi la chance d’être accompagné, notamment par les subventions de sociétés civiles, comme la SPPF (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France), qui soutient les labels indépendants. Aucune subvention n’est jamais garantie ! C’est toujours bon à prendre lorsqu’elle se présente à nous.

S’exporter, vous y avez pensé ?

Ça n’est pas dans nos cartons. Le cœur de notre activité, c’est la diffusion de spectacles francophones, qui nécessitent des bookers qui nous sont fidèles et en qui nous avons une confiance totale. Nous avons bâti notre propre réseau et il serait fou de se projeter à l’étranger, un territoire encore trop peu connu pour Adone.

Cette année, vous fêtez donc vos 13 ans. Y a t-il deux moments forts de la carrière d’Adone dont vous êtes forcément attachée ?

Tout simplement sa création, en 2004. Puis je pense au tout premier Olympia pour les Fatal Picards. C’est Adone qui avait tout organisé, on était tous très excités et le concert fut mémorable.

N:B : D’ailleurs, les Fatal Picards réinvestissent une nouvelle fois la scène de l’Olympia, le 14 octobre prochain.

label-adone.com